Au départ, nous voulons nous consacrer – et avec quelle ardeur – à la seule littérature, donner à entendre la voix de jeunes auteurs, leur offrir cette possibilité dans leur propre pays. Nos choix sont tranchés et assumés : encourager une écriture de l’intériorité qui explore les territoires de l’intime. Nous avons la chance de rencontrer de nouvelles voix de la littérature algérienne, qu’elles soient de langue française (El Mahdi Acherchour, Kaouther Adimi, Mustapha Benfodil, Habib Ayyoub, Adlène Meddi, Kamel Daoud…) ou de langue arabe (Hmida Ayachi, Abdelwahab Benmansour, Bachir Mefti, Hakim Miloud, Boubekkeur Zemmal,…).
Nous publions également des auteurs renommés comme Rachid Boudjedra, Mohammed Dib, Amin Zaoui ou Maïssa Bey ; ainsi que d’autres, à l’œuvre discrète et sensible, Malek Alloula, Sadek Aïssat.
Au fil des années, alors qu’alternent périodes de « grâce », périodes de « pesanteur », alors que nous apprenons le métier, ses contraintes et ses joies, nous diversifions progressivement notre catalogue : essais, études et biographies littéraires, beaux livres. En parallèle, guidés tout à la fois par l’intuition et le pragmatisme, nous comprenons qu’il faut élargir notre horizon, construire des passerelles.
Ainsi, nous développons des partenariats avec des maisons d’édition étrangères, dont le Bec en l’Air en France (pour la réalisation de beaux livres) et Dar El Jadeed au Liban, dirigée par la magnifique romancière Rasha El Ameer, avec laquelle nous coéditons des romans de tout le monde arabe (Irak, Liban, Algérie, etc.).
Quant au compagnonnage avec Actes Sud, après plusieurs années d’une collaboration active (près de vingt titres publiés conjointement, parmi lesquels, l’ouvrage collectif Jacques Derrida à Alger ou le beau livre à deux voix Une nation en exil, mêlant les créations du plasticien algérien Rachid Koraïchi et les textes de l’immense poète palestinien Mahmoud Darwich), les éditions barzakh et les éditions Actes Sud souhaitent franchir un cap en 2011 et nouent un partenariat renforcé et inédit. Ils publieront dorénavant, en coédition algérienne et à un rythme régulier, des textes de fond, des nouveautés, des essais, des fictions, en langue française ou arabe, des auteurs classiques ou contemporains d’Afrique, du Monde Arabe et de la Méditerranée. Au programme : Jérôme Ferrari Où j’ai laissé mon âme (roman, février 2011), Gabriel Camps Les Berbères (essai, avril 2011), Mohammed Dib Au café et Le Talisman (nouvelles, mai 2011), Mourad Djebel Contes des trois rives (juin 2011), Mahmoud Darwich Anthologie 1992-2005 (bilingue arabe-français, août 2011), Farouk Mardam-Bey & Elias Sanbar Être arabe (septembre 2011), etc.
Aujourd’hui, notre catalogue compte plus de 150 titres.
En septembre 2010, nous avons reçu le Grand Prix Claus pour la Culture et le Développement, décerné par la Fondation Claus et qui nous a été remis en décembre 2010 par la Reine des Pays-Bas au palais royal d’Amsterdam. Une belle récompense, inattendue, symboliquement et matériellement importante, qui nous honore – honore notre équipe, les auteurs, leurs œuvres, ainsi que toute la constellation de nos partenaires – et, plus que tout, nous enjoint d’être meilleurs, toujours plus exigeants.
Selma Hellal & Sofiane Hadjadj