Essai - 14 x 23 - 280p
« Kan ya makan, fî qadîm zaman, l-hbaq wa soussan…Il était une fois, dans l’ancien temps, un basilic et un lys…»
Ainsi pourrait commencer ce livre écrit par Jamal Bellakhdar, ethnobotaniste passionné, relatant la fabuleuse histoire des plantes et des arbres du Maghreb.
Dans ce répertoire foisonnant et habilement vulgarisé, où sont répertoriées les désignations vernaculaires de chaque espèce variant selon les pays (arabe et berbère on apprend tout de l’olivier, ez-zitouna (à ne pas confondre avec le zebboudj, l’olivier sauvage des vertus de l’armoise blanche, chîh, de celles de l’asphodèle, berwag, ou des différents noms du figuier de Barbarie (kermos nsara, hendi ou aknari).
Qui connaît aujourd’hui tous les usages possibles du caroubier, l-kherrôb (pulpe, gousses, bois, feuilles, écorce) ? Et qui se souvient des moussems de printemps au Cap Bon (Tunisie dans la Mitidja (Algérie) ou les Beni-Snassen (Maroc célébrant les orangers en fleur ? Les gens se paraient de leurs plus beaux atours pour assister au défilé des chars dans les rues, « la joie était partout et l’air embaumait la fleur d’oranger ».
Car tout au long de ce récit-essai, l’auteur évoque les traditions et savoir-faire liés à la nature. Loin de tout passéisme, il nous rappelle en effet qu’en chaque végétal, herbacé ou arbustif, les populations
du Maghreb ont trouvé une utilité. Une « culture » du végétal subsiste bel et bien, qui résiste à l’uniformisation des modes de vie.
C’est d’ailleurs, aussi, en ethnobotaniste engagé que l’auteur a écrit ce livre, soucieux de valoriser et de transmettre le patrimoine de sa terre d’origine, le Maghreb : « pour les citoyens du Sud que nous sommes, renouer avec notre mémoire, c’est retrouver pleinement notre identité culturelle et inscrire notre devenir dans un processus historique ».
Un livre indispensable, à la fois utile et captivant.