Essai - 416p
Voici les mémoires d'un général à la retraite, Rachid Benyelles, mêlant remarquablement histoire individuelle - le destin d'un homme -, et grande Histoire - le destin d'un pays, l'Algérie, de 1962 à 1999.
Dans la première partie, l'auteur revient sur sa jeunesse (Tlemcen), son engagement dans l'9 et, après 1962, sa longue carrière dans la Marine suivie de sa nomination, en 1984, au poste de Secrétaire général du ministère de la Défense. Dans la seconde partie, qui débute après la rupture d'octobre 1988, le récit est celui d'un homme en retrait, encore très influent cependant, dont l'indépendance et le courage s'illustrent en particulier dans sa position de "réconciliateur" pendant la décennie noire.
Tout au long de ce récit, se dessine le profil d'un patriote, qui, bien qu'au coeur du système et côtoyant ses hommes forts, défend une éthique, obnubilé par le sens de l'Etat ainsi que l'autonomie politique et financière de son pays. Si l'on devine ses affinités (son admiration pour Boumediene, une certaine affection pour Chadli Bendjedid), retenue et distance sont de rigueur - il ne juge pas, ne règle pas de comptes, son témoignage tend vers le plus d'ompartialité possible.
Quarante années de l'histoire du pays sont ainsi passées au crible, où sont révélés, au-delà de certaines anecdotes édifiantes, les mécanismes de décision en Algérie. Rarement le pouvoir et ses arcanes auront été décrits avec autant de précision. Par la connaissance intime qu'il a eue de l'Armée nationale populaire, le général Benyelles, tout en demeurant loyal à cette institution importante, livre un constat sans concession sur sa place dans le système politique. Il jette, au passage, un éclairage décisif sur des questions aussi sensibles que le rôle des officiers DAF (Déserteurs de l'armée française), ou celui de la Sécurité militaire.