Littérature - Roman - 13 x 23 - 240p
« …Ils ont failli la tuer cet après-midi avait dit Larbi – appuyant par les mots ce que toute sa personne affichait d’une manière saisissante (… son visage aux traits saillants et creusés qui d’habitude sculpté au mieux dans une matière musculaire figée et tenace qui s’appellerait la révolte et au pire dans une autre rarement visible pourtant tout aussi tenace qui s’appellerait à la fois la rancœur et la douleur, n’exprimait plus ce soir-là que l’abattement et l’angoisse – avant que nous nous enlisions de nouveau dans le silence comme on s’enliserait lesté de plomb dans une fange lourde, pâteuse, sans fond. »
M.D
Comment expliquer, et donc comprendre, un fait en apparence banal – la disparition d’une femme -, sans remonter dans le passé, démêler les fils enchevêtrés de ses propres liens avec un monde, qui se nomme ici : l’Algérie.
Pour Maroued, l’amant de Yasmina qui a disparu, cette remontée dans le temps ne peut se faire que par bouffées successives qui s’engrangent, chacune, à partir d’une scène cruciale qui l’a mené au bord de la folie : le jour où, sur un pont de Constantine, avec ses amis Larbi et Nabile, se matérialisèrent l’impasse et l’abîme auxquels ils étaient promis.
Plus que d’un premier roman, il s’agit ici du livre d’un écrivain vrai qui nous restitue, à travers tous les registres de la langue, la folie de l’homme dans un monde à la fois proche et lointain.