Un jour, un homme, le narrateur, ne trouve plus ses mots. L’impitoyable sentiment de dépossession de soi-même le gagne. Perdre la parole, perdre les mots, quoi de plus tragique pour un être humain ? Avec ce court récit, Ryad Girod, dont c’est le premier livre, trouve d’emblée son style et son sujet en réussissant à nous emporter dans un pays à la fois concret et fantomatique à l’atmosphère inquiétante.
Une famille, quelque part dans un quartier populaire d’Alger. L’auteur en offre une "coupe transversale" en donnant parole à tour de rôle à chacun de ses membres, croisant ainsi les regards, les vécus individuels, les perceptions réfractées d’un quotidien fait de promiscuité, de désoeuvrement, de mal-vie.
Brossant le portrait d’un pays en ébullition, Mohamed Harbi analyse dans cet ouvrage toutes les composantes de la révolution Algérienne, des mouvements nationalistes Algériens aux groupes sociaux européens en passant par le mouvement assimilationniste.
Avec pour toile de fond l’histoire récente, et le contraste récurrent entre modernité et tradition, sans concession à la nostalgie, à l’abattement, à la résignation, Hajar Bali fait entendre une drôle de voix, concise et sans fioritures, directe et sans lamento dans ces otni (objets théâtraux non identifiés qui sont comme autant de morceaux d’une musique "étrange et pénétrante", où l’humour est toujours là pour tempérer le grave, la joie de vivre pour conjurer la fatalité.
Le village est en émoi : le fils Ouara, l’ancien terroriste, est de retour. Tous le guettent, surtout Omar, dévoré par le désir de venger son père assassiné durant les années noires.
Fin des années soixante dix. Salem, un Algérien de vingt-sept ans, mène à Paris une existence tumultueuse et vagabonde, comme hallucinée. Miroir d’un fou raconte les errances de ce jeune homme attachant, désespéré, habité pourtant par la rage de vivre.
« On sait aujourd’hui que l’idéologie ne suffit pas à mobiliser un peuple ou des élites. La mobilisation du peuple Algérien ne résultait pas de l’idéologie du PPA-MTLD mais d’autres poussées plus immédiates, plus profondes, rationnelles et irrationnelles, qui ne doivent pas échapper à la recherche proprement historique.
Trois pièces, trois univers où l’auteur, passé maître en l’art de l’absurde, se moque – et par là, dénonce – des idées reçues, des faux démocrates, du racisme, de l’hypocrisie.
Le 3 janvier 1960, Albert Camus quitte Lour-marin pour rejoindre Paris en voiture. Célèbre, riche, en pleine force de l’âge, il est toutefois préoccupé par la guerre d’Algérie, tourmenté aussi par la polémique autour du prix Nobel de littérature qui lui a été attribué en 1957.
« Mais alors comment Rachid Koraïchi s’y est-il pris pour créer à partir des poèmes de Darwich ? tout simplement en ne s’y prenant pas », mais en empruntant le chemin de l’amitié, car Mahmoud Darwich, si méfiant pour sa langue, toujours aux aguets, ouvrait grandes ses portes à ceux qu’il considérait comme ses véritables amis, qui loin de vouloir se l’approprier, user et s’installer dans son œuvre, y voyaient la belle possibilité de résonnances, d’échos se répercutant dans ses propres vallées.